Mode

Signification et origines du mot vintage

Pour saisir le mot « vintage », il faut accepter de s’aventurer au-delà des clichés : non, il ne suffit pas qu’un objet soit ancien pour mériter ce qualificatif, et le mot ne traduit pas tout à fait ce qu’on croit. D’abord réservé au vin, ce terme a migré avec panache dans nos dressings et nos intérieurs, emportant dans ses bagages bien plus qu’un parfum de nostalgie.

Ce que révèle vraiment le mot vintage : sens et nuances

Impossible de réduire « vintage » à une simple question d’âge. Le mot s’est taillé une place à part dans le langage des connaisseurs. Un objet ou un vêtement qualifié de vintage n’est pas seulement vieux, il incarne son époque, et porte en lui l’empreinte de son histoire, de ses usages, de ses matières. On parle généralement de pièces ayant plus de vingt ans, mais le critère d’authenticité prime sur le reste : la patine du temps, l’originalité du design, la rareté de l’objet.

Il vaut mieux éviter la confusion avec le « rétro ». Contrairement à ce que l’on entend parfois, vintage n’est pas synonyme de reproduction. Le rétro puise dans le passé pour créer du neuf à l’ancienne, alors que le vintage, c’est l’objet véritable, celui qui a traversé les années pour arriver jusqu’à nous. Par exemple, un bijou vintage désigne une création authentique, généralement conçue entre les années 1960 et la fin du XXe siècle, tandis qu’un bijou ancien fait référence à une pièce antérieure à 1960, encore plus rare sur le marché.

Voici comment distinguer les grandes catégories qui reviennent souvent :

  • Vintage : objet ou vêtement d’époque, authentique, datant de plus de vingt ans
  • Rétro : création contemporaine qui s’inspire du style d’une époque révolue
  • Bijou vintage : pièce produite entre les années 1960 et 1990
  • Bijou ancien : œuvre antérieure à 1960

La notion de vintage irrigue aujourd’hui la mode, la décoration, le mobilier. Un vêtement vintage, c’est la robe Courrèges chinée en friperie, le pull à motifs seventies retrouvé chez un collectionneur, ou encore la veste en tweed signée Chanel. Ici, l’authenticité compte autant que la qualité, souvent bien supérieure à celle des productions industrielles actuelles. Le vintage, c’est la mémoire tissée dans les fibres, la signature d’un design, le choix d’une pièce unique.

Il suffit d’observer l’engouement pour les objets vintage : meubles scandinaves aux lignes pures, transistors colorés, bagues Boucheron des années 70. Ce n’est pas seulement le passé qu’on recherche, mais une identité, une histoire, un supplément d’âme à opposer à la banalité de la production de masse.

Des vignobles anglais aux podiums de mode : voyage aux origines du terme

Avant de s’afficher dans les vitrines de la mode, « vintage » résonnait dans les caves des vignobles. Le mot puise ses racines dans le vieux français « vendange » et s’est installé dans la langue anglaise pour parler de vin d’exception : un « vintage wine » désigne alors un cru remarquable, issu d’une année d’exception. Rien à voir, à l’origine, avec les vêtements ou la déco.

Tout change au fil du XXe siècle. Le mot quitte le domaine du vin pour investir celui du style : années 20, 30, 40, chaque décennie imprime sa marque sur la mode et le design. Les spécialistes adoptent alors « vintage » pour nommer les vêtements, bijoux ou accessoires porteurs de l’empreinte d’une époque bien précise. On ne parle pas ici de nostalgie douce, mais d’une quête affirmée d’originalité et d’histoire.

Le style vintage puise dans toutes les décennies du siècle dernier. L’Art nouveau, l’Art déco, le style tank… Chaque courant devient source d’inspiration, et les grandes maisons, Hermès, Chanel, Courrèges, Pierre Cardin, Yves Saint Laurent ou Boucheron, piochent dans leurs archives, rééditent, revisitent, et font défiler sur les podiums des pièces iconiques revisitées pour un public en quête d’authenticité.

Adopter le look vintage, c’est choisir de porter des vêtements anciens ou des pièces récentes qui s’inspirent des codes d’autrefois. Robes taille haute des fifties, pulls géométriques des seventies, ou bijoux graphiques des années 60 à 90 : chaque objet raconte une histoire, chaque matière réveille une émotion. Le vintage se porte, s’expose, se transmet, loin du jetable et de l’éphémère.

Jeune homme dans une brocante vintage avec valises et disques

Pourquoi le vintage fascine encore aujourd’hui ? Regards sur une notion en perpétuelle évolution

Authenticité, qualité, créativité : ces mots résonnent avec force chez les amateurs de vintage, qu’il s’agisse de mode, de mobilier ou de bijoux. Plus qu’une tendance, c’est une façon d’affirmer sa singularité. Dénicher une veste en cuir des années 70, un fauteuil en bois courbé, un collier signé des années 80, c’est choisir le vécu, la rareté, l’opposé du tout-jetable.

La quête de l’objet vintage est devenue un véritable sport urbain. Entre friperies, brocantes et plateformes de seconde main, la chasse s’organise : Vinted, Vestiaire Collective, Le Bon Coin… La revente s’affine, s’institutionnalise, et la course à la pièce rare séduit étudiants, jeunes actifs et célébrités. Dans ce contexte, le vintage s’impose comme un allié de la mode durable : on réutilise, on transmet, on s’oppose à la fast fashion, un choix qui fait sens.

Le pouvoir du vintage passe aussi par la matière : bois massif, métal brossé, cuir qui a vécu, velours profond… Chaque texture raconte autant d’histoires que les formes elles-mêmes. Porter un bijou vintage ou installer un meuble chiné, c’est injecter une énergie particulière dans son intérieur ou son vestiaire. La notion, loin de stagner, se transforme au fil des décennies, s’adapte à de nouveaux usages, à de nouvelles envies. L’objet unique, la pièce de collection, l’accessoire rare deviennent des antidotes à la standardisation ambiante.

Trois axes donnent tout son attrait au vintage :

  • Économie : miser sur le vintage, c’est faire un choix durable, investir sur le long terme.
  • Écologie : prolonger la vie des objets, limiter l’impact de la production neuve.
  • Nostalgie : retrouver les couleurs, les lignes, les motifs qui ont marqué une époque.

À travers le vintage, chacun revendique son histoire, son style, sa différence. Derrière chaque objet, une vie antérieure, une mémoire, un souffle d’intemporalité. Quand tout s’accélère, lui trace sa route à contre-courant, et ce n’est pas près de s’arrêter.